Espagne : Le Père Noël n’est pas une ordure

Crédit photo de la caricature du Père Noël : P. Ballouhey

Depuis 10 jours se tient une grève des éboueurs de Malaga.
Vous ne serez point étonné d'apprendre que, en 10 jours, une quantité phénoménale de poubelles s'est accumulée dans les rues.

Et sac poubelle sur le monticule de déchets, on a quantifié le "phénoménal".
Il y en aurait pas loin de 6000 tonnes. 
Oui. 6000 tonnes.
Un membre de la mairie a dû prendre sa petite balance et faire le tour de la ville pour les peser.
Bref, je m'éloigne de mon propos du jour.

Je ne suis pas vraiment qualifiée, et même pas du tout qualifiée pour juger des revendications des éboueurs.
Cependant il en est une que je comprends parfaitement : ils demandent le paiement de primes d'efficacité à la mairie, conformément à une décision de justice rendue en leur faveur il y a 3 ans.
La mairie, qui a tenté de temporiser en proposant de payer 80 % de ce qu'elle leur doit d'un arriéré de 3 ans s'est vue donner une fin de non recevoir.

Un éboueur échaudé craint une mairie qui fait des promesses qui n'engageraient probablement que ceux qui les croiraient…(oui moi aussi j'ai travaillé dans une grosse boite).

Ainsi, le temps passant, des montagnes, non plutôt des collines (mais pourquoi faut-il toujours que j'exagère?) de poubelles se sont formées dans la ville, au risque de modifier sa topographie.
Au point de parfois bloquer l'accès à certaines petites rues piétonnes, voire l'accès aux portes de certains commerces.
Du coup la mairie a mandaté une société privée pour ramasser un petit peu de poubelles, le tout sous très haute surveillance de la police.

D'une part car les éboueurs ont peu apprécié.
D'autre part car quelques manifestations de soutien de citoyens à la mairie avaient dégénéré face aux éboueurs.

Non mais sans rire, ils se croient sur un ring? C'est quoi cette histoire de se bastonner? Si vous voulez vous défouler vous allez à un cours de "body combat" (entrainement de boxe sans combat, suis pacifiste (et pas costaud)), vous verrez qu'à la sortie vos velléïtés de wannabe Rocky auront disparu et vous remercierez le prof si vous pouvez encore vous déplacer sans douleur. 

Non mais franchement…

Credit photo : sevilla.abc.es, ecodiario.eleconomista.es, ser Malaga

Mais le pire n'est pas toujours prévisible tellement l'imagination humaine est sans limite.
Ce qui était prévisible, c'était que toutes ces poubelles attireraient des rats.
Vous me connaissez, je ne suis pas fan de ce genre de bestioles mais bon, ce n'est pas la mort d'autant que cette situation n'allait certainement pas durer.
Et comment elle sait cela Madame Blondie Irma ?

Fastoche.
Je vais faire une analogie. Lorsque vous voulez investir dans un appartement ou ouvrir un commerce, les professionnels vous martèlent qu'il y a 3 choses importantes dans le choix du bien :
–l'emplacement
–l'emplacement
–l'emplacement

Ben pour un règlement rapide et sur d'une grève (si vous vous placez du côté des grévistes), surtout de celles qui sont gênantes pour les citoyens et qui donnent une mauvaise image de la ville, 3 choses sont importantes :
–le timing
–le timing
–le timing

Et débuter une grève de ramassage des poubelles à 3 semaines du grand événement de la "Semana Santa", avec ses processions quotidiennes dans les ruelles et les hordes de touristes attendus dans la ville, c'est plutôt malin.

Sauf que, comme je vous le disais, le pire n'est pas toujours prévisible.
Figurez-vous que certains habitants de la ville ont visiblement eu peur que la peste ne soit pas seulement le titre d'un livre. Pourtant, bien que n'étant pas médecin, j'étais prête à parier que nous n'étions pas aux portes de l'épidémie.
Ne supportant plus la vue des bestioles, ils ont décidé d'agir.
À ce moment-là de l'histoire, vous devez vous demander ce qu'ils ont bien plus faire pour se débarrasser des rats.
Ben ils ont mis le feu.
À des poubelles, en ville.
Le feu est passé des poubelles aux containers, des containers aux voitures, et heureusement que les pompiers ont arrêté le tout avant que le feu ne s'attaque aux habitations.
Et malgré cet incident qui fut stoppé à temps, certains habitants, droits dans leur bottes face au micro des journalistes, maintenaient que mettre le feu aux poubelles était une bonne idée pour se débarrasser des rats. 
Manifestement à la question « est-ce que tu préfères croiser quelques rats dans la rue et conserver ton appartement ou faire brûler poubelles, rats et ton appartement ? », ils préfèrent la seconde option.
Si ce n'était pas dangereux, ce serait fascinant.

Depuis hier, la grève a cessé, et mercredi Malaga devrait être prête à recevoir ses touristes et à débuter les festivités de Semana Santa samedi.
Elle est pas belle la vie ?