Colombie : c’est l’histoire d’un mec….

Lorsque Xavier a fait sa liste au père Noël, je crois vous avoir déjà dit qu'il avait demandé un harpon en bois.

Et pour mieux décrire ce joujou dans sa lettre, il était même allé se renseigner chez un artisan de Sta Marta qui en fabriquait.

Ce que j'avais plus ou moins omis de vous dire, c'est que ce jour-là, il avait fait une rencontre un peu atypique.

A son retour à bord, lorsqu'il m'a raconté sa sortie, il m'a décrit le monsieur qu'il avait rencontré dans la boutique comme une "caricature de narcotraficant, tu sais genre ceux qu'on voit dans les films".

Alors moi je n'ai juste pas raté l'occasion de faire avancer le débat d'un "ah bon, mais tu sais on est en Colombie c'est normal". Ce que je voulais dire était qu'il était normal de trouver en Colombie des gens aux faciès similaires à ceux d'acteurs jouant des rôles de narcotraficants, voyez? Yo hablo claro?

Bref, Xavier a repris le cours de ses explications en me disant que le gars était un passionné de pêche, qu'il allait acheter un harpon en bois LUI et qu'il avait une vedette qui faisait vroum vroum super pour aller pêcher.

J'ai dit "super" en ignorant l'allusion à l'achat du joujou en bois et en encourageant Xavier à aller pêcher avec son nouveau copain et sa vedette qui pourrait l'amener tellement plus loin que notre annexe (idée qui le mettait dans le même état d'excitation que lorsqu'il a remonté son énoooorme marlin pendant la transat).

Je suis donc retournée à mes moutons et j'avais presque oublié cette anecdote lorsque, au détour d'une conversation avec nos copains Colombiens, ils ont haussé le sourcil lorsque Xavier a mentionné le nom de son nouveau copain avec lequel il irait pêcher.

Les copains : "Non, mais tu connais Mr Snif?"

Xavier : "Euh… oui, por qué?"

Les copains : "Non mais tu sais qui c'est?"

Xavier : "Bah oui, c'est Mr Snif…"

Ce Mr Snif était un des bras droit de Pablo Escobar dans les années 80, 7eme dans la hiérarchie du cartel. Il a été arrêté fin des années 80 à Bogota (pourtant il avait fait une opération de chirurgie esthétique pour changer son visage), a été jugé aux USA, et, bien qu'il ait plaidé non coupable (si, si), a été condamné a 30 ans de prison dont il a effectué 20 avant d'être libéré et de retourner en Colombie.

A son retour en Colombie, évidemment la donne avait légèrement changé, disons qu'on ne lui avait pas gardé sa place. Lui voulait récupérer une partie de son argent confié à des "amis" lesquels, peu enclins à le lui rendre, lui ont mis un contrat sur la tête (c'est pas gentil).

On ne sait pas trop comment ni pourquoi mais enfin on s'en doute un peu, Mr Snif a récupéré une partie de son argent et il n'y a plus de contrat sur sa tête, il est fort pour gérer ses problèmes…

Et j'ai même pu recouper ces infos en lisant sa biographie sur wikipédia.

Voilà, en Colombie on ne peut pas avoir un cercle de copains sans qu'il n'y en ait quelques uns qui aient un peu voire beaucoup traffiqué…

Alors tant qu'on en est aux confidences, j'ai recueilli par hasard celles d'un ancien employé de cartel (je ne les cherche pas, il se trouve que je rencontre ces gens par hasard et que tout le monde est décomplexé par rapport au sujet). Il faut dire que le fait de parler espagnol aide à ce genre de conversation car c'est très rare de trouver un Colombien qui parle autre chose qu'espagnol, même chez ceux de la classe moyenne qui ont fait des études supérieures…

Seule la classe très riche du pays, celle dont les enfants vont en école bilingue (faudra que je vous raconte, j'ai rencontré deux jeunes femmes qui travaillent dans ces écoles, une américaine et une sud africaine), avant de partir étudier dans les universités américaines parle anglais (bizarrement ils n'ont pas de problèmes de visa eux, ce n'est pas comme le colombien moyen qui a toutes les peines du monde à en obtenir un, à croire que le monde entier imagine qu'ils sont tous dealers).

Le job du copain était d'acheminer la marchandise de Colombie vers d'autres pays comme les USA.

Avant le départ, ses boss lui donnait la moitié de sa rétribution pour sa mission : il risquait entre 15 et 20 ans ferme, la rétribution était importante.

Si il revenait, il touchait le reste, sinon c'était versé à sa famille (c'est gentil).

Il partait de Colombie à bord d'une vedette chargée, arrivé à proximité des côtes du pays où il devait livrer la marchandise il faisait couler la vedette et rejoignait la côte à la nage (maintenant il y a même des robots sous marins qui peuvent le faire).

Il livrait sa marchandise, rachetait une vedette (et faisait sécher ses vêtements, il n'allait pas rentrer tout mouillé) et retournait en Colombie. Voilà, c'est simple la vie, non?

Bien, j'en ai encore quelques unes dans ce même genre à vous raconter mais on va en garder sous le coude…

 

Dans un autre registre Mauricio le manager de la marina est revenu d'un séminaire à la marina de Sainte Lucie (une île des Caraïbes au sud de la Martinique) qui fait partie du même réseau de marina (enfin en moins folklorique que Sta Marta quand même…)

Evidemment il est remonté comme une pendule et a déjà programmé une "integration party" pour ses employés à laquelle nous plaisanciers sommes conviés… En même temps mieux vaut qu'il nous invite car si il fait sa soirée uniquement avec les employés de la marina, ça ne va pas faire lourd puisqu'il a viré à la louche 25% des effectifs la semaine dernière après les avoir fait passer au détecteur de mensonges… Je n'ai toujours pas compris le pourquoi de ce passage au détecteur, plusieurs versions ont été émises mais au final il a viré tous les plus gros salaires, donc ce ne serait qu'une vulgaire coupe budgétaire que ça ne m'étonnerait pas plus que ça…

Bon allez, on a assez blagué pour aujourd'hui!

Hasta luego!

 

 

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