Petit guide à l’usage de ceux qui veulent vendre un bateau au Panama…

Ce qu'il y a de bien en voyage, c'est qu'on ne cesse jamais d'être surpris. La routine n'est pas une option envisageable, c'est tout.

Comme je vous l'indiquais dans mon précédent post que vous pouvez encore lire ici, lorsque nous avons mis le bateau en vente, nous pensions que les deux difficultés principales résideraient dans :

–finaliser les dernières réparations du bateau pour la mise en vente, le tout dans un contexte panaméen.

–et… trouver un acheteur (Blondie, le bon sens près de chez vous.).

Si finaliser les travaux à bord furent un bon parcours du combattant, mais parcours du combattant prévisible et d'ailleurs prévu, trouver un acheteur, finalement, fut une partie de plaisir. Bon d'accord, je vous l'accorde, c'est le broker qui a trouvé l'acheteur.

Mais quand même… C'est Pescatorus qui faisait faire les visites du bateau.

Avec les commentaires qui allaient avec (J'essaie de battre le record du nombre d'avec dans la même phrase)….

Je l'avais bien briefé, ne pas passer son temps à parler de pêche, parler du bateau AUSSI. Ne vous gaussez pas, apres 6 ans a bord, cette precaution ne paraissait pas superflue.

D'ailleurs ce conseil de ne pas parler de pêche était inutile, heureusement pour lui il ne m'écoute pas. (Pescatorus, le bon sens près de chez vous).
Pourquoi était-il inutile ce conseil, allez vous me demander?
Parce que les gens qui veulent acheter un bateau sont majoritairement des hommes, avec un petit h et un instinct primitif de pêcheur semblant se réveiller dès qu'ils posent un pied sur l'objet de toutes leurs convoitises.

Les acheteurs de bateaux sont des Pescatorus en puissance, telle est la conclusion à laquelle je ne peux manquer d'aboutir.

Malgré six années à bord, je reste sidérée, oui oui sidérée, n'ayons pas peur des mots, par la quantité de choses que l'on peut dire sur une canne à pêche, objet qui, pour moi, est se résume à un fil au bout d'une canne.
Les conversations tournent egalement autour des exploits de pêcheur des bonhommes et impliquent la description de leur prises passées, prises dont la taille ferait rougir la sardine du port de Marseille.

« Euh…. tu es vraiment sur qu'on a péché un thon de 55 kg?"osai-je m'aventurer avant de recevoir une fin de non recevoir.
Mais je m'égare, je m'égare.
Une fois l'acheteur trouvé et ferré, nous avons commis une nouvelle erreur.
Celle de penser que tout était presque terminé, que la vente était presque bouclée.
Mazette. Que nenni.
Le jour de la visite, l'acheteur nous indiquait vouloir effectuer de menus travaux à bord avant de prendre le bateau et de partir récupérer ses parents adoptifs aux États-Unis pour leur offrir une croisière à bord qu'il voulait inoubliable.
Le lendemain de la visite, après avoir passé l'après-midi de la veille en compagnie du broker, il avait changé d'avis. Il voulait toujours acheter le bateau, mais, faire des gros travaux (c'est là que je dois préciser que le maître d'œuvre de ces travaux sera le broker) et faire travailler le bateau dans une société panaméenne qui en aurait la propriété afin de faire du charter de luxe dans les San Blas, des îles ou il n'a jamais mis une coque de sa vie.
Et si je dis ça, c'est que ce n'est pas complètement anodin que de faire du charter dans les îles sans Blas (nous en avons fait l'experience durant une annee).

Contrairement aux îles des Antilles, il n'y a aucune marina, aucun supermarché, aucun bar, peu de produits frais (avec des conditions sanitaires que je vous laisse imaginer), aucune possibilité de réparation du bateau en cas de problème, soit une logistique relativement compliquée à mettre en place avant de se lancer dans le business.Il est préférable d'avoir quelques relais à terre sur le continent en cas de problème.

La marina la plus proche est à une journée de navigation après quoi vous aurez encore deux heures de route pour ravitailler. Autant vous dire qu'il ne vaut mieux pas oublier le sel.

Bref.
Une fois notre surprise passée devant ce revirement de situation, finalement nous nous sommes dit que ce n'était pas grave pour nous car tout ce qui nous importait était qu'il nous achète le bateau.
Par contre le fait de vouloir créer une société au Panama, société qui serait l'acheteur de Namaste, aurait dû laisser tout de même présager des difficultés de mise en œuvre.

La vie n'est pas un lagon tranquille, sinon ça se saurait.
Les choses se sont compliquées quand l'avocat en charge de la création de la société panaméenne pour notre acheteur gringo s'en est mêlé.
Il est bon de savoir qu'ici, au Panama, le titre d'avocat semble parfois un peu, comment dire, galvaudé…
Una ami m'a indique avoir eu a faire a un coursier se prétendant avocat… Il semble même que, étant donné que l'activité principale de cette profession et d'imprimer des documents officiels, les faire apostiller, les faire certifier, il vaille parfois mieux avoir un bon coursier qu'un mauvais avocat.
La première mission de notre avocat a été d'enregistrer la société de notre acheteur et de lui trouver un représentant légal en la personne de… sa femme.

Ce serait donc elle qui signerait le contrat de vente.

En toute rigueur, le contrat aurait dû être rédigé en trois langues, l'espagnol langue officielle du Panama, l'anglais pour notre acheteur américain et le français pour les douanes françaises auquel le contrat serait envoyé pour la radiation de pavillon français de Namaste.
Le problème dans ces conditions la étaient que la traduction française du contrat devrait se faire par un traducteur officiel agréé par les tribunaux, puis apostille par l'ambassade française, puis certifié devant notaire, avant signature également devant notaire. Cela peut sembler rien mais on était parti pour un mois de rédaction préparation de contrats et franchement personne, à part l'avocat coursier, n'en avait envie.

Et comme il faut bien que les titres ou les diplômes à géométrie variable dans ce pays puissent également présenter des avantages nous avons proposé à l'avocat une solution alternative certes peu orthodoxe mais qu'il a acceptée.
Nous rédigerions un acte de vente pour le Panama en anglais et espagnol qui ne nécessitait aucune traduction officielle ni apostille ni tout le tralala car l'anglais est reconnu dans les administrations panaméennes (merci à la présence américaine) et le document destiné aux douanes françaises prouvant la vente de Namaste serait fait à part en anglais et français sans apostille ni tout le tralala puisque cela n'est pas requis en France pour un acte de vente.

Cette procédure, approuvée par le broker, le vendeur, l'acheteur l'a été également par l'avocat qui a cette date, semblait avoir compris ce que nous voulions faire.
Nous prîmes rendez-vous pour signer les papiers une semaine plus tard date à laquelle la société panaméenne serait enregistrée et sa représentante légale, à savoir la femme de l'avocat, disponible pour aller signer l'acte de vente devant notaire. Sauf que…
Le matin du jour dit, l'avocat téléphone, il n'avait préparé que le contrat en anglais espagnol. Nous lui expliquons la nécessité d'avoir un deuxième contrat en anglais français pour les douanes françaises. C'est alors qu'il nous explique qu'il faut un traducteur officiel, l'apostille, certifiés conformes, bref tout ce dont nous avions parlé une semaine auparavant et sur lesquels nous nous étions accordés. Il semblait l'avoir oublié. Passablement énervé, nous le renvoyons vers le broker afin que ce dernier lui passe un savon en bonne et due forme.
Quelques minutes plus tard, il nous rappelle, tout est réglé.

Nous nous retrouvâmes donc près d'une heure en retard sur l'horaire dit chez le notaire pour la signature de l'acte en version anglais espagnol.
Les locaux du notaire ressemblaient à ceux d'un centre de sécurité sociale en France. Quand je pense à la superbe bâtisse 18e de mon notaire français…..
C'est dans une pièce à la lumière blafarde de 3 m sur deux, en présence de l'hôtesse d'accueil, que nous signames le contrat.

Le contrat, en un seul exemplaire.

Ce qui, à part Xavier moi, ne semblait étonner personne. À croire, que c'était encore une excuse, pour faire des photocopies, des apostilles, des certifiés conformes.

Nous prîmes rendez-vous pour l'après-midi pour signer le contrat en version anglaise et française destiné aux douanes françaises pour la radiation de la masse et du pavillon français. Comme l'avocat ne semblait pas avoir de bureau, nous prîmes rendez-vous dans un café. L'avocat y viendrait avec le document préalablement signé par sa femme représentante légale de la société acheteuse et nous signerions le contrat.
L'après-midi à l'heure dite, nous arrivons au café point de rendez-vous, et, l'avocat était bien la, certes avachi sur son siège, mais il était là, ce qui constituait en soi un grand motif de réjouissance.
Nous nous installons afin de signer le contrat quand nous nous rendons compte qu'il n'a dans les mains qu'un téléphone. Pas de mallette, pas de cartable, pas de chemise ou pourrait se trouver le contrat que nous devions signer. Il était venu sans le contrat.Quel couillon.
Mais pourquoi est-il venu ?
Même après deux années au Panama, il a réussi à nous surprendre.

Il nous propose de chercher un cybercafé ou imprimer le contrat depuis son smartphone. Une fois le contrat imprimé il appellerait sa femme pour le signer ce qui etant donné la ponctualité qu'elle dont elle avait fait preuve le matin, laissait entrevoir un délai d'encore quelques heures. Nous étions réellement très agacés… dans un élan de réalisme l'avocat finit par nous proposer de repasser le soir avec le contrat imprimé et signé par sa femme.
Il repassa bien le soir en question avec malheureusement une mauvaise version du contrat… ne jamais sous-estimer sa capacité à faire toutes les conneries possibles. Il nous proposa donc de repasser le lendemain matin avec inch'allah la bonne version du contrat.
Donc éventuellement nous avons réussi à signer tous les papiers dans leur bonne version et leur bonne langue, alleluia.
Sur ces bonnes paroles, je file, et vous retrouverez bientôt pour vous compter quelques aventures de blondie et Pescatorus.
Hasta luego

Laissez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

6 commentaires sur “Petit guide à l’usage de ceux qui veulent vendre un bateau au Panama…”