Sixième jour à bord de 2012 : sixième jour d’un soleil radieux. Ca commence parfaitement bien.
Alors what’s up?
Tout d’abord un grand merci pour vos emails de bonne année. J’ai reconnu la patte de chacun, son humour, sa sensibilité…. et pour beaucoup votre jolie façon d’écrire.
Famille, amis de 30 ans, de 20 ans, de 10 ans, anciens collègues, navigateurs rencontrés au fil de l’eau, je voeu vous dire combien vous m’êtes précieux et combien j’ai apprécié être replongée parmi vous grâce à ces petits mots….
Nous avons eu aussi un poème de La Fontaine pour le pêcheur du bord, il suffit de remplacer poisson par langouste et c’est correct pour notre virée aux Antilles 2012!
Le petit Poisson et le Pêcheur
Petit poisson deviendra grand,
Pourvu que Dieu lui prête vie.
Mais le lâcher en attendant,
Je tiens pour moi que c'est folie ;
Car de le rattraper il n'est pas trop certain.
Un Carpeau qui n'était encore que fretin
Fut pris par un Pêcheur au bord d'une rivière.
Tout fait nombre, dit l'homme en voyant son butin ;
Voilà commencement de chère et de festin :
Mettons-le en notre gibecière.
Le pauvre Carpillon lui dit en sa manière :
Que ferez-vous de moi ? je ne saurais fournir
Au plus qu'une demi-bouchée ;
Laissez-moi Carpe devenir :
Je serai par vous repêchée.
Quelque gros Partisan m'achètera bien cher,
Au lieu qu'il vous en faut chercher
Peut-être encore cent de ma taille
Pour faire un plat. Quel plat ? croyez-moi ; rien qui vaille.
– Rien qui vaille ? Eh bien soit, repartit le Pêcheur ;
Poisson, mon bel ami, qui faites le Prêcheur,
Vous irez dans la poêle ; et vous avez beau dire,
Dès ce soir on vous fera frire.
Un tien vaut, ce dit-on, mieux que deux tu l'auras :
L'un est sûr, l'autre ne l'est pas.
Nous sommes toujours à Agadir car nous attendons une puce pour notre téléphone satellite. Elle ne saurait tarder un jour peut-être Inch’Allah.
Une fois passée l’euphorie de la réalisation de leurres maison avec les guirlandes de Noël, nous sommes revenus à des occupations moins créatives comme faire fonctionner notre radio BLU et en obtenir des bulletins météo. Alors ce qui est un peu couillon c’est que pour faire des tests, être dans une marina n’est pas la meilleure des configurations à causes des interférences.
Du coup nous venons de récupérer un bouquin sur le sujet et allons potasser en vue d’essais lors de navigations prochaines.
Je vous prépare un lifting complet du site.
Après passage au bistouri, il sera aussi beau que sa reine.
Ce sera démocratique (un peu) car vous pourrez laisser des commentaires.
Mais comme je reste la reine de cette démocratie (et oui), je modérerai, autrement dit seuls les commentaires me flattant seront retenus.
Vous pourrez aussi moquer flatter les talents de pêcheur du capitaine.
En parallèle je potasse un logiciel de développement de fichiers photo raw (oui, oui les copains photographes, je me mets au raw en 2012 alors que ça fait au moins 12 ans que vous y êtes), ce sera pour vous faire croire que j’ai beaucoup progressé en photo en truquant «travaillant» les clichés. Je ne sais pas ce que ça vaudra mais je sens que ça va m’amuser et m’occuper pendant la transat.
Tiens en parlant de transat, je lis en ce moment les blogs de ceux qui sont rendus de l’autre côté. Une fois passés les «trop méga giga cool la transat lol», on peut trouver des remarques intéressantes sur l’état d’esprit dans lequel les gens sont partis, comment ils ont généralement eu besoin de 2 à 3 jours pour prendre leur rythme, quelles ont été leurs occupations en dehors de celles liées à la navigation bien sur…. Ce qui me frappe le plus est que dans 100% de ce que j’ai lu, les personnes étaient tristes au moment où elles ont vu la terre à l’arrivée car cela signifiait la fin de la transat, la fin de ce projet dont ils avaient rêvé depuis des mois voire des années.
C’est drôle car j’imagine exactement le contraire pour moi : une satisfaction frénétique de fouler le sol de l’autre côté, une explosion de joie comme si j’avais fumé le reste de coquillettes…. avant de foncer déguster ti’punch et langouste….
Au final, même si j’ai une certaine appréhension de cet inconnu, j’ai aussi également hâte d’y être. C’est comme disait l’anglais de Roméo et Juliette, « Tout est prêt autour de soi quand l’esprit est prêt ».
Le tout c’est bien que mon esprit soit prêt au Cap Vert….
A part ça nous sommes motorisés depuis hier midi, une logan (je la joue corporate).
C’est en allant à vélo au marché central pour acheter nos provisions que nous nous sommes arrêtés faire des photocopies (notre laïfe est passionnante). Et comme il y avait un loueur de voiture la porte à côté, bah nous avons stoppé notre virée courses pour louer une voiture (nous aimons planifier nos journées).
Ainsi après un ravitaillement hier, où notre sens de l’organisation a encore fait mouche puisque nous ne savions plus ce que nous avions à bord et donc ce dont nous avions besoin, pratique pour un avitaillement digne de ce nom. Mais bon, on a 15 kgs de pâtes, 6 pots de moutarde, 5kgs de farine, 5 l d’huile, 3 tomates et puis je ne sais plus quoi. Ah si, un joli gilet pour le capitaine.
On va aller se balader aujourd’hui dans un endroit super que j’ai nommé «je ne sais pas trop où».
Par contre nous avons une contrainte de taille : le cap’ veut retourner où nous avons déjeuné hier.
Nous étions un peu perdus dans un bled quand Xavier s’est mis à suivre l’odeur de grillades. Nous avons atterri dans un lieu qui a première vue ressemblait à une boucherie. Quartiers d’agneau et de boeuf trônaient en devanture, enfin presque sur le trottoir puisque manifestement il n’y avait plus de place dans le frigo ou plus de frigo du tout, je ne sais pas. LE BBQ était aussi sur le trottoir. Xavier a commandé 500 g de kefta et 200 g d’agneau. Je lui ai demandé si ce serait suffisant. Droit dans ses bottes il m’a rétorqué qu’il avait repéré des brochettes, au cas où on aurait encore un petit creux après avoir englouti 700 g de bidoche.
Le lieu a ravi le capitaine : tables en formica, néons blafards, télé à fond les ballons, quelques travailleurs marocains en train de déjeuner… Je me suis plongée dans l’émission du National geographic d’Abou d’Abi sur le Liban. Je n’ai rien compris mais j’ai pu revoir quelques lieux magiques comme Tyr.
C’était parfait, tout ce qu’on aime : on s’est perdu et retrouvé enfin dans un environnement normal et non dévolu au tourisme de masse.
J’avais fini par croire que ça n’existait plus…
Allez je file, j’ai une promenade à faire aujourd’hui!