Bom dia les gens
1-2-3 soleil!
Cap Vert touché!
Après 7 jours et 2h de navigation pour avaler les presque 1000 miles séparant le Cap Vert de Lanzarote aux Canaries, nous sommes arrivés à Sal.
Nous avons jeté notre ancre samedi 28 janvier à Palmeira, dans le petit port de "commerce" afin de faire nos papiers d'entrée dans le pays.
Enfin les papiers…. Disons que comme tout était fermé ce week-end, et nos tentatives pour trouver un fonctionnaire de la police maritime ont échouées aujourd'hui. On verra demain… Keep cool, on est sous les tropiques ici.
Derniers adieux à Lanzarote
Dernier coup d'oeil sur Lanzarote
Premier coucher de soleil en mer sur les Canaries
Depuis notre arrivée, nous savourons le bonheur de retrouver un sol qui ne bouge pas, le calme des vagues qui ne cognent plus contre les coques ou des bouts et des voiles qui battent…
Calme et sérénité….
Et c'est au moment où j'écris ces mots que le voilier voisin a lancé une musique signifiant aux voisins "je veux écouter Cesaria Evoria au Cap Vert" et que le petit cargo amarré au quai a lancé son générateur. Je suspecte un complot.
Je parlais de quoi déjà? Calme? Sérénité?
Il faut dire que ça avait mal commencé pour votre serviteuse. Avant le départ j'ai pris un médicament anti mal de mer assez puissant (scopolamine). Les effets secondaires étaient décrits comme très désagréables, perte temporaire de la vue, irritation de la gorge, allergies, cauchemars….
Et bien je les ai tous eu. 24 heures de cauchemar dans tous les sens du terme avant que je n'enlève le patch de scopolamine, et presque 24 h avant que je ne recouvre mes facultés, vue, capacité à ingérer des aliments, disparition des cauchemars et des allergies. Je vous avoue que c'est flippant, plus que le mal de mer… Mais je me devais d'essayer ce remède qui peut faire des miracles pour certains…
Affaire close, je vais rester sur ce qui me convient le mieux pour lutter contre le mal de mer : rien.
Tiens parlons de la nav'. Les vents étaient bien établis, entre 15 et 25 noeuds constants portant (arrière toute!) mais la houle était croisée, 2 mètres et 6 secondes de période dans un sens, clapot dans l'autre, un vrai tambour de machine à laver. Les déplacements dans le bateau étaient réduits au minimum syndical, verres et assiettes ont voltigé dans tous les sens!
Ce fut néanmoins un bon entraînement avant de passer dans le grand bain de la transat puisque les 1000 miles que nous venons d'effectuer constituent presque une demi transat.
Nous avons trouvé notre rythme de croisière pour les quarts : je fais la nuit de 22h à 4h, Xavier prend le relai jusqu'à midi. Nous déjeunons, puis sieste pour le capitaine suivie d'une sieste pour moi, puis petits papotages avant de dîner ensemble puis dodo du cap' vers 22h.
Ainsi chacun respecte son rythme et a de vraies bonnes périodes de repos.
Cette navigation se prêtait plutôt bien à ce tempo puisque hormis la mer agitée, nous n'avons croisé aucun bateau dès que nous avons été à environ 200 miles des Canaries. Nada, personne. Tous seuls au monde vers le Cap Vert!
Les photos de ces levers de soleil sont une courtoisie du capitaine, son mousse étant dans les bras de Morphée à cette heure là.
Enfin quand je dis que nous sommes "tous seuls"…. je devrais dire seuls humains. En réalité des dauphins nous ont accompagné la première nuit avec leurs pirouettes entre les coques. On distinguait leur forme grise reflétant la lumière de la lune.
Et puis le 3 ème jour fut LE jour à marquer d'une pierre blanche, notre 14 juillet, les feux d'artifices en moins.
Nous avons pêché.
J'ai tout d'abord entendu un hurlement : "le leurre Namasté a pêché!".
Alors comprenez-moi : je venais d'en finir avec mon bad trip du à la scopolamine, je commençais donc à avoir la nausée à cause de cette houle incessante et voilà pas qu'il fallait que je me mette en mouvement rapide pour assister le pêcheur. Qu'avais-je donc fait pour mériter ça? Je suis une personne charmante, polie, je dis bonjour, merci et au-revoir. A croire que ça ne suffit pas. J'ai donc du en accumuler pendant mes vies précédentes….
Nous voilà rapidement avec une bonite de 2kg selon la police, 3 kgs selon les organisateurs sur la jupe. Et un Xavier qui me somme de prendre la bonite avec son leurre Namasté dans le bec (je vous jure que ce n'est un montage).
Le temps de dire ouf et le fil du moulinet de la canne à pêche se met à dérouler! Xavier, que je croyais au comble de l'excitation, me prouve qu'il a encore de la réserve. Il court de babord à tribord, achève la bonite, ralentit le moulinet pour laisser le poisson se fatiguer, et réussit aussi entre temps à remonter un troisième poisson que nous rejetterons (euh nous avions 2 cannes et 3 lignes…).
Quant à moi, j'essayais de suivre le mouvement en me demandant ce qui me donnait le plus le mal de mer (toujours essayer de focaliser sur un sujet pour oublier le mal) : l'odeur du poisson, le sang sur la jupe, le cap' qui sautillait de droite à gauche, mes tentatives pour prendre des photos alors que Namasté faisait des bonds dans les vagues, mes plongeons dans les coffres de Namasté pour trouver un coup le couteau, un coup le baudrier….
Comme je suis forte, j'ai non seulement survécu mais voilà que j'en redemande avec une transat!
Une fois la bonite tuée et vidée et le 3ème poisson remonté puis relâché, il fallait s'attaquer à celui qui avait décidé de mordre à la canne à pêche. Vous me suivez?
Après 30 mn de lutte, Xavier a remonté le bestiau : un thon de 20kgs selon la police, 25 kgs selon les organisateurs.
De toute façon, on ne saura pas. Notre balance arrête de compter à 11 kgs. C'est une balance de débutants.
Quand je vous disais que nous allions transformer Namasté en chalut, j'ai reçu des emails moqueurs. Je crois que les expéditeurs rigolent moins à l'heure qu'il est, hein?
Après encore presque une heure, Xavier a vidé et débité le bestiau en filet pendant que je consultais compulsivement tous mes livres de recettes de poissons.
Et le lendemain, nous avons ouvert une conserverie. Xavier au débitage et remplissage des bocaux et moi à la stérilisation.
Pendant le reste de la traversée, à nous sashimis et thon sous toutes ses formes… Il faut bien avouer qu'on adore ça…
Et puis, au bout de 7 jours, miracle (enfin non, en plus des 5 lignes de pêche on a un GPS vous savez), terre en vue!
Voici donc Sal, avec ses petits airs Lanzarotiens ( les immeubles en moins), son aridité, ses volcans, sa nudité lunaire.
Arriver en bateau vous procure un certain nombre de sentiments uniques : la sensation progressive de réchauffement de l'atmosphère à mesure que vous approchez des tropiques, la lente découverte de la terre, d'abord une forme lointaine, puis au fur et à mesure que vous approchez chaque parcelle se découvre à vous avec ses couleurs changeant au gré de l'orientation du soleil. C'est un sentiment curieux que d'être profondément plongé dans l'observation de cette terre, nouvelle pour vous, qui va vous accueillir pour quelques jours. L'imaginaire se met en route, qu'y a t'il derrière ce rocher? Comment sont les habitations? Où vivent les gens? Comment vais-je me sentir dans ce pays?
Nous avons mouillé à Palmeira, entre épave, quai pour les petits cargos, deux catamarans de balade pour touristes, quelques bateaux de plaisance semblant dormir par ici depuis des années lumière à en juger par leur état et de nombreuses barques de pêche.
A terre, quelque baraques constituent une petite ville colorée : petits bars hurlant la musique locale, pêcheurs éparpillés sur les quais débitant requins ou autres poissons, 3 ou 4 occidentaux certainement venant des autres bateaux au mouillage. Le spectacle de la vie locale suffit en lui même à vous tenir en haleine : un savoureux mélange de cris, excitation et aussi de nonchalance… Notre premier contact avec la population fut sympathique : les pêcheurs nous saluent ou viennent voir ce que pêche Xavier au harpon, les habitants vous renseignent gentiment quand bien même vous faites toutes vos phrases en utilisant les 3 mots que vous maîtrisez, pas de harcèlement, chacun vit sa vie.
Je vais vous faire un aveu : depuis que nous sommes arrivés, nous nous disons tous les jours combien nous sommes heureux ici. C'est un sentiment difficile à décrire autrement qu'à dire que nous nous sentons bien au Cap Vert, nous avons trouvé notre place dans cet environnement.
C'est tout.
A suivre, les photos prises au mouillage de Palmeira.
12 commentaires sur “Bem Vindo en Cabo Verde!”
Un grand grand bravo à tous les deux! On pense souvent à vous et il nous tarde de reprendre la mer…. en attendant, nous embarquons virtuellement sur Namasté!
Bises à vous deux,
Céline
@ Les Manutea's : coucou, contente de te lire! J'espère que vous repartez cet été pour de belles nav' en Méditerranée!! Bisous à vous 4
J' A-DO-RE le sourire réjoui du Cap'tain sur la photo où il présente fièrement sa prise !!!! Comme j'ai hate de vous rejoindre et vous entendre raconter tout cela 'en vrai'… Bon séjour au Cap Vert. Gros bisous
Alors là… Moi je dis chapeau ! Ouais, ce fut une traversée épique avec une arivée au delà de toute espérence racontée de main de maître.
Je n'arrive toujours pas à comprendre comment ce leurre de m…. Ce leurre à réussit à pêcher quelque chose. Un suicidaire peut être ?
Par contre pour le gros, là y a rien à dire. La grande classe.
Dis-moi ta majesté, ça fait quoi de devoir découper des sashimis quand on a l’estomac au bord des lèvres ? Je serais curieux de savoir comment ça se passe à l’intérieur… 🙂
@Marie : Et tu auras en plus la version de l'histoire vue du capitaine, non que je déforme les faits, non, non mais bon 🙂 Bisous
@Gwendal : Pour le leurre, j'ai oublié de mentionner la meilleure : lui et tout le fil ont été arrachés, donc un autre poisson suicidaire s'y est frotté, incroyable!! Et Xavier te précise que c'était du gros car son fil était costaud :)! Pour les sashimis, je pourrais en manger sur la tête d'un pouilleux tout en ayant le mal de mer, ça mérite bien un petit effort pour le découpage!!!
Dois je comprendre de ta réponse à Gwendal que le leurre Namasté est porté disparu ???? Il va vraiment falloir que vous vous lanciez dans la fabrique a petite échelle : une occupation pour la transat? 🙂 Bisous
Aha ! Maintenant ça va devenir encore plus intéressant !
On est content de vous savoir heureux 🙂
@Marie : et oui…. on va lancer la petite entreprise leurres et conserverie de thon!
@Frejaboat : oui, tudo bem… Et j'ai vu sur FB que votre voyage dans le sud avait l'air sympa! Bisous à vous deux
@tous : Et merci à vous pour mes premiers commentaires, ça fait plaisir 🙂
Wouaw superbe prise , j en salive ! Faudra me dire comment faire pour mettre le poissons en bacaux ! Et merci pour la photo souvenir ! Devinez avec qui on a bu un verre se soir …. Votre skipper des mots bleus ! Et oui il est ici . Le monde est petit ! Si j avais devant moi un verre de rum le dédierait a une future retrouvaille ! Plein de bisous a namaste et a vous deux les supers pirates !
Hello Nadja, oui pas mal le thon!!!
En effet le monde est petit, on a aussi retrouvé la trace de Frank via FB, on se rappelait vaguement de son nom…!
On boira un ti’punch à votre santé, ici c’es THE boisson.
Gros bisous à vous 4 et tenez nous au courant de la suite!
il ne manque plus que des photos du capitaine en train de confectionner ses leurres et la boucle est bouclée ! le leurre, le thon les bocaux ! tiens, ça pourrait être le titre d'une fable de la Fontaine en s'inspirant de la fable Les frelons et les mouches à miel notamment pour son sous-titre "à l'oeuvre on connaît l'artisan" !
Bon vent ! Biz
Hello Marie
Mais Xavier signale qu’il a un autre leurre maison, tout rouge, nommé terminator….
Bisous